Ouest Var > Actualité > Sanary > Le 25 septembre marquait le centenaire de l'explosion...
Le 26. septembre 2011 à 07h57

Sanary Histoire Le 25 septembre marquait le centenaire de l'explosion du Liberté

Dimanche 25 septembre la marine nationale et la ville de Toulon ont commémoré les 100 ans de l'explosion du cuirassé "Liberté", qui a fait des centaines de victimes. Claude Signoret, de la Coustiero Flourido, nous a transmis ses archives sur le sujet.

Le Liberté avant la catastrophe. (photo: collection C.Signoret).

Le Liberté avant la catastrophe. (photo: collection C.Signoret).

Le couple Signoret (la Coustiero Flourido) conserve dans ses archives des éléments concernant cette tragédie, dont vingt photos authentiques prises à l'occasion des funérailles des victimes du "Liberté" en présence du président de la République et de membres du gouvernement. De petites pépites très précieuses, ainsi qu'un article de presse de Jean Debout qui relatait la tragédie du Liberté, publié 74 ans après.
Dimanche la marine nationale et la ville de Toulon se sont associés aux descendants des victimes de cette catastrophe pour commémorer les 100 ans de l'explosion du cuirassé. Une exposition au musée de la marine de Toulon consacrée à l'histoire du cuirassé aura lieu di 30 octobre jusqu'à la fin de l'année.

Il y a 100 ans...


Le 25 septembre 1911, peu avant 6h, la rade se réveille au rythme de fracassantes explosions, sonnant la mort de centaines de victimes avec l'explosion du cuirassé Liberté. Ce bateau appartenait à" l'escadre des patries" et faisait relâche dans la rade. Le célèbre seynois Marius Autran évoque plus de 200 victimes et le site internet qui lui est dédié regorge de précieuses informations avec des extraits de ses livres comme "histoire de la Seyne sur mer, récits, portraits, souvenirs". On y apprend qu'Emile Bertin avait conçu le Liberté pour un coût de 42 millions de francs d'or: "Mis sur cale en 1902 aux Chantiers de la Loire à Saint-Nazaire, le Liberté avait été lancé le 16 avril 1905, mais il était entré en service seulement en 1908. À cette époque, la finition d'un navire prenait beaucoup plus de temps que de nos jours...il jaugeait précisément 14 868 tonnes. Sa longueur était de 134 mètres, sa largeur de 24,25 m, et son tirant d'eau en charge de 8,40 m. Propulsé par 3 machines alternatives alimentées par 22 chaudières Belleville totalisant une puissance de 20 500 CV, sa vitesse maximale pouvait atteindre 19,4 noeuds soit 36 km à l'heure environ. L'armement comprenait 37 canons de calibres divers, dont 4 canons de 305 mm en 2 tourelles, 10 canons de 194 mm en 5 tourelles. En plus de cette artillerie redoutable, le cuirassé Liberté possédait 5 tubes lance-torpilles dont 2 sous-marins. L'approvisionnement normal en munitions était de 550 tonnes. L'équipage comptait 715 sous-officiers mariniers, quartiers-maîtres et marins, commandés par un état-major de 25 officiers".

La tragédie du 25 septembre 1911


En ce jour du 25 septembre des fumées apparaissent à plusieurs niveaux du navire et des explosions se succèdent. Après avoir tout essayé pour éteindre les incendies, la lieutenant de vaisseau Garnier fait sonner le "poste d'abandon". Marius Autran raconte: "quelques secondes plus tard, à 5h53 précisément, c'est la formidable explosion qui déchira l'air plusieurs lieues à la ronde, ébranlant toute la rade et ses environs, provoqua dans les populations de toute l'agglomération toulonnaise une peur horrible..Un immense panache de fumée jaune et noire s'éleva à plus de quatre cents mètres, en même temps qu'une pluie de ferrailles s'abattit sur les unités voisines, sur les embarcations accourues dès le début du sinistre, tout cela dans un vacarme infernal de sirènes, de cris d'horreur, d'appels désespérés, de hurlements de douleur des survivants blessés ou atrocement mutilés. La vue de ce spectacle était insoutenable..et de la coque complètement déchiquetée, éventrée, émergeaient encore des masses informes de tôles, de charpentes, d'appareils de toutes sortes qui ne pouvaient pas disparaître tout à fait, la profondeur sur les lieux du sinistre étant de onze mètres seulement".
Au final le compte allait s'avérer morbide avec plus de 200 morts et de 200 blessés. Les premières obsèques eurent lieu le 3 octobre en présence notamment du président de la République Armand Fallières et du président du conseil Joseph Caillaux. Un long cortège défila dans la ville, non sans tension. Le président de la République rendit ensuite hommage aux victimes avant de rendre visite l'après-midi aux blessés à l'hôpital Saint-Anne qui reçurent des décorations.
Les causes de la tragédie alimentèrent les polémiques et les plus folles rumeurs dans les années qui suivirent. Marius Autran dans son "histoire de la Seyne" évoque sur le cuirassé "des poudres vieilles de 12 ans", "des vannes de noyage des soutes à poudre et à munitions étaient branchées sur un collecteur commun à usages multiples" ou encore que "les commandes n'étaient pas situées sur le pont supérieur, d'accès plus facile."

D. D., le 26 septembre 2011

Plus d'infos:

Autres photos:

Les restes du Liberté après l'explosion du 25 septembre 1911. (photo: collection C.Signoret) D'après les photos transmises par C.Signoret, la légende indique: "les rescapés du Liberté". Armand Fallières et les membres du gouvernement suivant les funérailles des victimes du Liberté. (photo: collection C.Signoret). Le Liberté (photo: collection C.Signoret).
Les restes du Liberté après l'explosion du 25 septembre 1911. (photo: collection C.Signoret)