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Le 1. juin 2013 à 23h21

Six Fours Politique Jean-Sébastien Vialatte conspué devant la mairie

Nous l’annoncions hier, une délégation conduite par Karfa Sira Diallo, président de la Fondation du Mémorial de la Traite des Noirs s’est bien rendue samedi matin à Six-Fours.
La rencontre devant la mairie entre le député et monsieur Diallo s'est vite interrompue.

Le président de la Fondation du Mémorial brandit les "Codes noirs" devant le député

Le président de la Fondation du Mémorial brandit les "Codes noirs" devant le député

Le président , le vice-président et un membre de la Fondation du Mémorial qui lutte pour faire reconnaître la traite des noirs 'crime contre l'humanité' se sont rendus devant la mairie pour envoyer un message fort à la population et aux élus, un porte-voix et des tracts à la main. Force est de constater qu’ils n’ont recueilli que très peu d’attention, les badauds s’attardant davantage devant les étals du marché que devant le président.
La démarche était pourtant claire : condamner fermement les déclarations du député-maire Jean-Sébastien Vialatte qui dans un tweet avait attribué aux »descendants d’esclaves » la responsabilité des saccages qui avaient suivi la fête du PSG à Paris et de remettre au député, aux passants et aux élus des ouvrages pédagogiques, dont un exemplaire des « Codes noirs », un ensemble de textes juridiques de 1685 réglant la vie des esclaves noirs dans les îles françaises.

La tension monte


L’action qui se voulait sans doute pacifique a vite pris une autre tournure lorsque le député s’est présenté aux manifestants pour leur signifier qu’il était prêt à les recevoir et à les entendre. Il exprima alors son regret pour son « amalgame regrettable » et cita une phrase de l’écrivain Aimé Césaire, poète et homme politique martiniquais fondateur du mouvement littéraire de la négritude et farouche anticolonialiste : « Même le crayon du Bon dieu a une gomme ». Il n’en suffit pas d’avantage pour que Karfa Sira Diallo, visiblement très en colère, invective le député: «Nous ne voulons pas de votre repentance. Nous sommes disposés à discuter mais pas sur votre tempo. Vous avez bien pris le temps pour insulter notre mémoire, prenez le temps d’attendre la fin de notre manifestation pour nous écouter » et d‘ajouter « Honte à la république ! Honte pour le Var et honte pour Six-fours ! Vous n’avez pas votre place ici !». La scène dura plusieurs minutes devant un public interloqué.
Le député tenta avec un calme olympien d’entamer unediscussion qui s’avéra impossible devant la colère de monsieur Diallo. Il quitta alors les lieux pour rejoindre la maison du Cygne où se déroulait l’inauguration des Rendez-vous aux jardins.

Le président de la Fondation explique


Monsieur Diallo s’expliqua par la suite aux journalistes sur les raisons de sa colère : « Le député n’a pas à nous imposer son rythme. Nous voulions terminer notre manifestation avant de discuter avec le maire. Nous ne sommes pas à sa disposition et nous ne voulions pas qu’il ‘courcircuite’ notre action en nous recevant dans son bureau dès le début. Il aurait dû prendre le temps de nous attendre » Il expliqua ensuite qu’il ne voulait pas de sa repentance et qu’il attendait du député une action forte comme organiser une exposition dans la ville sur la traite des noirs ou ériger un mémorial. A cette condition, la Fondation du mémorial pourrait envisager de retirer sa plainte : « La balle est dans son camp! » assura-t-il .

Les suites judiciaires


La procédure lancée à l’encontre du député suite à son tweet devrait aboutir (ou pas) dans les deux mois prochains, confirmait Maître Brice Nzamba, avocat au barreau de Paris et président de la Lucide (Lutte pour la Citoyenneté et la Démocratie) qui a rejoint la manifestation quelques temps plus tard : « Si la plainte est classée sans suite, nous nous constituerons partie civile et ce sera alors au juge d’instruction de faire son travail. Nous voulions envoyer un signal fort en disant que toute personne qui incite à la haine raciale peut aller devant les tribunaux ».

Epilogue


L’inauguration à la Maison du Cygne s’étant achevée, Jean-Sébastien Vialatte est retourné à la mairie. Constatant que monsieur Diallo était toujours là, le maire est alors revenu vers lui et lui a proposé d’ouvrir la discussion, ce qui fut fait dans un café voisin, l’Hôtel de ville étant fermé. La discussion s’est engagée durant une heure de façon beaucoup plus détendue. Tous deux sont convenus que rien ne devait se faire dans la précipitation et que des mesures symboliques pour rappeler l’histoire pourraient être prises en concertation. Le maire a a accepté de revoir pour cela monsieur Diallo à Six-fours ou à Paris.

A.I, le 01 juin 2013

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Malgré son calme, le député semble tendu Le député quitte les lieux
Malgré son calme, le député semble tendu